MUSHING
Un seul objectif: finir la course
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Le 6 février, le Valaisan Pierre-Antoine Héritier sera au départ de la compétition de chiens de traîneau la plus dure du monde.
Gaëlle Cajeux - le 07 janvier 2010, 23h24
Le Matin
Il vient de récupérer les booties qu’une amie lui a spécialement ramenées de Drevdagen en Suède. «Mes chiens courent avec ces chaussettes car je veux protéger leurs pattes. Lors de longues distances sur la neige et la glace, leurs espaces interdigitaux sont attaqués, des gerçures peuvent se former. Et c’est bien plus facile de leur mettre des chaussons que de soigner ces blessures…», explique Pierre-Antoine Héritier.
Ne lui reste plus qu’à «s’équiper de deux trois trucs qui manquent» et le musher (conducteur d’un traîneau tiré par des chiens) Valaisan pourra s’envoler pour Fairbanks, en Alaska. Où il retrouvera ses dix-huit huskies de Sibérie qui l’attendent pour participer à la mythique Yukon Quest.
Jusqu’à –50 degrés
Une course de chiens de traîneau de plus de 1600km, sans assistance, dans le Grand-Nord canadien. «C’est l’épreuve la plus dure au monde. Et la plus froide aussi!, remarque le vigneron de Savièse. S’il y a de la neige et du vent, ça tourne vite au truc extrême. La température peut aller jusqu’à –50 degrés...» Le vainqueur de l’an dernier a mis 9 jours, 23 heures et 20 minutes pour boucler cet incroyable périple. «Dix jours, c’est pour les meilleurs. La moyenne est plutôt de douze. Moi, je cours pour finir la course.» L’objectif reste le même qu’à ses débuts dans le mushing, il y a 20 ans.
«Au début, comme tout le monde, j’ai acheté un husky pour ses beaux yeux bleus, raconte Pierre-Antoine Héritier. Mais le Sibérien est un chien de meute, il est beaucoup plus calme lorsqu’il a de la compagnie. Alors j’en ai acheté un deuxième. Puis le truc a grandi gentiment. Et comme j’ai l’esprit de compétition, les courses de traîneau m’ont vite attiré. D’abord les compétitions de sprint, avec quatre chiens, puis six, puis huit. Et finalement les longues distances (4 jours de course). Quand tu as goûté à ça tu continues.» Jusqu’à affronter «l’Everest de tout musher»: la Yukon Quest. «Franchement, au début je la voyais comme quelque chose de totalement inatteignable. Mais en 2004, on a créé le team (vétérinaires, amis mushers, logisticien, handlers) pour faire la Grande Odyssée et les longues courses de Scandinavie. A force d’entraînements –100 jours par année (la saison d'été est propre à la récupération), 1 à 2 séances par jour, soit 18000 kilomètres parcourus depuis 5 ans – on a vu les capacités de mes chiens évoluer et au fil des ans l’idée de faire la Quest a germé.» Restait à connaître l’avis de ses fans inconditionnels. «On a fait un vote en famille et j’ai gagné. Mes trois enfants étaient pour, mon épouse un peu moins… La Quest implique quand même une longue absence.»
Les chiens sont prêts
Pierre-Antoine Héritier est rentré en Valais pour les Fêtes. Avant, il a passé sept semaines en Alaska pour entraîner ses chiens, dans les conditions de course. Huit heures par jour à -30 °C, -40 °C. Les chiens, qui poursuivent leur préparation en Alaska avec des amis de leur maître, «sont prêts pour faire la Quest, assure le musher, qui a laissé 8 kilos dans le Grand-Nord. La question, c’est: est-ce que je vais faire les choses correctement jusqu’au bout? Mon entraînement est vraiment mental. Je vais devoir savoir gérer le programme quotidien en fonction de mes limites et de celles des chiens. Car sans eux, je ne vais pas loin.»
Le musher valaisan s’envolera mardi retrouver ses huskies à Fairbanks. «On aura encore deux bonnes semaines d’entraînement ensemble.» Avant le départ de la Yukon Quest 2010, le 6 février.
Nom: Héritier |